Les origines
La première mention de "Sacosa" ("Choqueuse") se trouve dans une charte du Cartulaire du chapitre d'Amiens, datée de 1034. Ce nom pourrait dériver du latin "salix" (saule) et donc désigner une terre "pourvue de saules". Le chuintement picard aurait ensuite transformé "Sauqueuse" en "Choqueuse". Près de l’église, la ferme dite du château de Choqueuse atteste la présence de l'ancienne motte féodale à l'origine de la fondation du village. La forme courbe du logis actuel reprend certainement le tracé de l'ancien chemin de ronde.
Au 14e siècle apparaît l’extension "-les-Besnard", qui renverrait à l’existence d’un écart rattaché à Choqueuse, disparu à la suite d’un incendie selon un témoignage local. Il se serait situé dans le fond du vallon juste au sud de l'actuel village. Il ne figure pas sur la carte de Cassini (milieu 18e siècle). Sa disparition semble donc antérieure au 18e siècle. Les habitants des Bénards, sans logement à la suite de l'incendie, se seraient alors déplacés à Choqueuse. Leurs habitations auraient été reconstruites avec les vestiges de celles des Bénards (témoignage oral).
La seigneurie et la ferme
Josse de Paillart, écuyer, possédait la terre de Choqueuse en 1507. Son fils, Charles de Paillart, seigneur de Choqueuse et de Bonvillers, en est seigneur en 1538. Il est lieutenant de cinquante lances des ordonnances du roi sous monsieur de Chaulnes. La seigneurie passe à son fils, Jean, gentihomme de la Chambre du roi, puis à François de Paillart et Marie de Grouche vers 1576. La terre de Choqueuse était dans la famille des Essarts de Ligniéres par le mariage de Marie de Paillart avec Antoine des Essarts, seigñeur de Lignières dans les années 1560. Le blason de la famille des Essarts figure sur le pilier gauche à l’entrée de la ferme. Le dernier propriétaire, François des Essarts de Lignières, se sépare en 1670, le 24 février, par acte passé devant maître Pierre Lagrené à Amiens, de la terre de Choqueuse, au profit de Jean-Baptiste Le Caron, écuyer, sieur d’Ambreville, La Carrière et autres lieux, conseiller du roi, magistrat au baillage et siège présidial d’Amiens. Depuis cette date, la ferme, les terres et les bois sont restées dans la même famille. Elle appartient aujourd’hui à monsieur Edouard Le Caron de Choqueuse, demeurant dans la Manche.
Choqueuse-les-Bénards en images anciennes
Sources : les archives complètes
Cette famille a donné plusieurs maires à la ville d’Amiens. Elle possédait également des biens à Marieux, au nord de la Somme. Antoine-François Le Caron de Choqueuse fit bâtir, en 1777, le petit, château de Marieux. Lorsque Jean-Baptiste Le Caron achète Choqueuse, Frangois des Essarts, demeurant en son château de Fleury, est criblé de dettes et contraint de vendre à cause de tous les créanciers qui lui réclament leur dû. À l’époque de la vente, la ferme est louée par bail à Jean Le Maire, par acte passé le 28 décembre 1665. Des recherches permettent de retrouver plusieurs fermiers ayant occupé la ferme.
Au début du XXème siècle il existait une forge à Choqueuse les Bénards. Cette forge se situait 28, Grande Rue.
Le dernier cheval de trait appartenait à Monsieur Gaetan Lebesgue qui habitait Auchy la montagne. Il venait à la forge de Choqueuse par les chemins de terre.
Sur la photo d'archives, on le retrouve sur la droite près de la porte, à la forge de Choqueuse, en compagnie Monsieur Desprez, le maréchal Ferrand (qui tient le marteau) sur la gauche. Celui qui tient la corde au centre est Monsieur Henri Lebesgue, le fils de Gaetan (qui est donc à droite de la photo au premier rang). A noter que Henri et Gaetan ne sont autres que respectivement le père et le grand-père de notre première adjointe actuelle Nadia Lebesgue.
L’église de Choqueuse
Elle est sous l’invocation de Notre Dame et était conférée par l’évêque d’Amiens sous l’Ancien régime. Elle était comprise, au XIXe siècle, dans la succursale de Conteville. Le chœur a été construit en pierre dite parpaing (pierre qui sert à la fois de parement à l’extérieur et à l’intérieur) dans l’année 1584. Les fenêtres ont des moulures, une seule ayant gardé ses meneaux. Tous les autres meneaux ont disparu mais on en voit encore la trace. La nef a été réédifiée en 1828. Elle était avant cela construite en tuiles et n’était pas voûtée. Elle n’était éclairée que par quatre très petites fenêtres. Le clocher était, à cette époque, à l’entrée du chœur, et soutenu par quatre piliers en bois qui obstruaient la nef. Il y avait aussi dans le même temps un cintre en pierre à l’entrée du chœur. En 1828, lorsque l’on démolit le château de Catheux appartenant à Charles-Pothin Levesque (Levêque) et Marie-Modeste Lesage, le démolisseur, Antoine Damade, couvreur en ardoises à Beaudéduit, vendit les matériaux à Jean-François-Benjamin Levesque (frère de CharlesPothin), maire de Choqueuse, qui fit reconstruire la nef de l’église de Choqueuse
À cette occasion, on supprima le cintre en pierre, et on installa de plus grandes fenêtres. Le clocher fut déplacé pour surplomber le portail d’entrée. Toute l’église est lambrissée et le chœur a une jolie voûte en carène — avec des poutres sablières et des blochets sculptés. Tout l’édifice a reçu une importante restauration extérieure et intérieure dans les années 1990-2000 lors de la restauration des églises de la vallée de la Selle et ses vallons, subventionnée majoritairement par le conseil général de l’Oise. Des travaux de maçonnerie, de peinture à l’intérieur, ainsi que de restauration des vitraux et des toitures ont été réalisés.
Texte de Eric TRIBOUT
Sources : - Archives Le Caron de Choqueuse - Précis statistique Grave 1836 - Archives départementales Somme - B61, B63, B64 ; notaires E24-126 Série C - _ Archives départementales Oise — Étade de Crévecoeur ; notaires ADO - Registre d’état civil de la commune de Choqueuse